Le blogue du RÉFO vise à rassembler des textes, photos et vidéos d'étudiant(e)s francophones et francophiles d'un peu partout en Ontario. 

L'objectif du blogue est de créer une meilleure compréhension des réalités et priorités étudiantes en Ontario français et de créer des ponts entre les étudiant(e)s qui fréquentent une des 11 institutions francophones et bilingues de la province.

Tout étudiant(e) peut contribuer au blogue en soumettant un texte, une photo ou une vidéo par courriel au RÉFO au info@refo.ca. Les opinions exprimées ici sont celles des auteur.e.s et ne représentent pas nécessairement la position officielle du Regroupement. 

Le blogue du RÉFO

Une semaine pour comprendre le bilinguisme canadien

On crie haut et fort que le Canada est un pays bilingue. À vrai dire c'est l'un des facteurs phares qui poussent les immigrants francophones à s'y installer. Imaginez l'Amérique à la française ou la France à l'américaine! Quel mélange, le meilleur des deux mondes, le mariage parfait! Bien entendu, de l'extérieur on accorde peu d'importance aux politiques linguistiques de chaque province canadienne. On préfère se contenter du fameux slogan « le Canada est un pays bilingue ». Imaginez alors la surprise lorsqu'une Africaine francophone débarque dans une ville comme Toronto et se rend compte que la plupart, pour ne pas dire tous les services, ne sont offerts qu'en anglais: restos, boutiques, super-marchés, transport public, banques, etc. Bref, le quotidien est « IN ENGLISH PLEASE », sans compter qu’on s’en tire plus facilement avec le mandarin que le français dans certaines situations. Cette révélation a eu l’effet d’une gifle et m’a propulsé dans une suite d’états d’âmes que je décrirais comme suit :

 Jours 1 et 2: Le déni

 « Ce n'est pas bien grave que le chauffeur de bus, la caissière au super-marché, la serveuse du resto, l'agent de sécurité, la vendeuse dans la boutique… et j'en passe ne comprennent que bonjour et merci en français. C'est juste une exception, de toute façon le Canada est un pays bilingue et à ce que je sache Toronto est au Canada. »

 Jour 3: La colère 

 « Alors là ça commence à m’énerver, je veux bien employer le peu d'anglais que je connais, mais l'effort ça fonctionne dans les deux sens. « IN ENGLISH PLEASE, IN ENGLISH PLEASE, IN ENGLISH PLEASE », mais je n'ai qu'à faire de l'anglais… après tout le Canada est un pays bilingue, tout le monde est sensé parler le français. Que je sache, Toronto est au Canada. »

 Jour 4: Le compromis 

 « Écoute, je vais chercher les communautés francophones et ne côtoyer qu'elles, quitte à rater une partie de la vie sociale à Toronto. De toute façon ce n'est pas de ma faute, j'ai été victime d'un marketing mensonger qui m'a induit en erreur. »

 Jour 5: La déprime

 « Il va falloir que je me mette à l'anglais si je veux survivre! »

 Jour 6: L'acceptation

« Ça va, l'anglais ce n'est pas bien dur, et je me débrouille pas mal. De plus j'ai des ami.e.s avec qui je peux discuter en français, il y a pas mal d'événements en français (cinéma, théâtre, musique etc.) et pas mal d'associations francophones. »

Conclusion

En effet le Canada est un pays bilingue, c'est-à-dire un pays où on parle deux langues, à savoir l'anglais et le français. Toutefois, il y a des provinces anglophones avec une communauté minoritaire francophone et vice-versa. Je dirais même qu'il est plus facile de s'en sortir avec l'anglais dans les provinces francophone et bilingue que le contraire.

 Ceci dit, ce malentendu m'a permis d'apprendre une autre langue et ce n'est pas le mandarin! Je me suis intégré et mon quotidien est « IN ENGLISH » alors que pour mes études, mes proches et mes ami.e.s, c’est « EN FRANÇAIS ». Finalement, c'est l'Amérique à la française.

Aisha Touré est étudiante à l’École d’affaires publiques et internationales du Collège universitaire Glendon à Toronto. D'origine malienne et kényane, elle se considère citoyenne du monde de par ses nombreux voyages. Elle s’intéresse entre autre aux sujets d'ordre social touchant surtout à l'identité.

Posté il y a 490 semaine

François Hollande reconnaît les minorités francophones canadiennes

Le lundi 3 novembre 2014, le Président de la République française François Hollande était en visite au Parlement canadien dans le cadre de son voyage au Canada, où il s’est arrêté pour s’adresser à la Chambre des communes.

Au cours de son discours, touchant tant à l’économie qu’à la guerre en Iraq, aux conflits armés en Ukraine et à l’environnement, le Président Hollande s’est également longuement étendu sur la francophonie canadienne, et ce à plusieurs reprises.

Voici quelques-unes des citations inspirantes du Président Hollande que j’ai retenues. Puissent-t-elles engendrer encore un peu plus d’espoir et de soutien envers la pérennité d’une culture franco-canadienne forte et vivante.

  • « Le Canada est né en français, et donc, il parle français. Cette relation intime englobe l’ensemble du Canada. Depuis l’atlantique et l’ancienne Acadie jusqu’aux dynamiques communautés francophones qui se sont développées aux confins du Pacifique, au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. C’est toujours un plaisir, une fierté d’entendre parler français dans le monde, et d’entendre parler français au Canada. »
  • « La francophonie n’est pas une survivance de l’histoire, c’est un atout pour l’avenir. Et les jeunes générations ont compris que le bilinguisme était une chance, que le français c’est la langue de l’excellence culturelle, mais aussi la langue du développement économique. »
  • «Le français c’est la langue des libertés. Le français incarne des valeurs. Le français défend les droits de l’homme.»
  • « Lors du prochain sommet [de la Francophonie] de Dakar, qui se tiendra le mois prochain [le 29 et 30 novembre], la France et le Canada seront présents pour donner une nouvelle impulsion à la francophonie. Je veux que ce rendez-vous de Dakar […] soit utile pour que nous puissions soutenir davantage la jeunesse francophone, protéger davantage le droit des femmes francophones et que nous puissions aussi développer des technologies nouvelles dans l’ensemble de l’espace francophone. »
  • « Nous voulons faire une francophonie qui soit à la fois culturelle, elle l’est, et qui puisse être économique. Le français doit unir les chercheurs, les créateurs, les entrepreneurs pour créer une nouvelle économie, pour tous les pays qui parlent le français, ou qui voudraient le parler. »

Après avoir écouté ce discours rempli de ces paroles encourageantes, je suis ragaillardi dans mon appartenance comme franco-ontarien et franco-canadien. Le français est non seulement l’une de nos plus grandes richesses, mais c’est également notre patrimoine, notre histoire, notre identité.

Benjamin Doudard est un étudiant en première année en communication à l’Université d’Ottawa.

Posté il y a 491 semaine

Maman sur les bancs d'école: rêves et défis

Après avoir vécu en Alberta pendant 25 années, j’ai décidé de retourner vivre dans ma région natale, le Nord de l’Ontario.  Il me fallait un emploi, mais je n’ai rien trouvé. J’ai donc décidé de retourner aux études. En visitant le campus du Collège Boréal à Sudbury, j’ai découvert très rapidement que c’est ici que je poursuivrais mes études. Le personnel était très accueillant et m’a vraiment fait sentir bienvenue. En écoutant les gens parler en français dans un milieu francophone, je savais que j’étais à la bonne place. Lors de ma première journée en classe, j’ai amené mon petit garçon de 4 ans avec moi.  Je n’avais pas réussi à me trouver une gardienne  et la garderie fermait à 18 h. Je ne voulais pas manquer ma première classe en soirée. Je me sentais très nerveuse, car je ne savais pas comment j’allais être reçu par les étudiant.e.s considérant que j’étais assez vieille pour être leur mère.  Heureusement, mes collègues  m’ont accueilli très chaleureusement et comme une des leurs.

Une étudiante apprend très vite l’importance de la gestion  du temps et  de l’organisation.  Avec trois cours en soirée par semaine et un conjoint travaillant à l’extérieur de la ville, ça été un véritable défi pour moi. Mais en étant déterminé à réussir et avec une attitude positive, j’ai pu le surmonter. Des devoirs, des tâches et des échéanciers, il y en avait beaucoup.  Tou.te.s les étudiant.e.s ont des vies occupé hors du collège.  C’était certainement le cas pour moi aussi. Avec un petit à la maison qui veut toujours jouer et des repas à préparer, je n’avais pas de temps à perde. Je n’avais aucune idée à quel point c’était difficile de retourner aux études. Les fins de semaine étaient pour faire l’épicerie, le lavage, le ménage, jouer avec le petit et se préparer pour la semaine. Je n’avais pas beaucoup de temps à consacrer pour les devoirs.

Je me trouve extrêmement chanceuse  d’être capable d’étudier dans ma langue maternelle. La qualité du français au Collège Boréal est remarquable. Merci à mes professeurs qui en font la promotion et qui m’inspire à en faire autant. Mon but est d’être capable de parler clairement et avec confiance et fierté comme eux. J’ai de la difficulté avec la grammaire et l’orthographe en français. Même avec des logiciels de correction ce n’est pas toujours évident. Mais je crois pouvoir réussir avec de la pratique et de la bonne écoute.  Je suis tellement fière de moi-même d’avoir pris l’initiative de continuer mes études en français. Ma confiance et mes compétences deviennent de mieux en mieux avec le temps et la pratique.  Oui il y a certainement des journées où je me sens découragé. Je ne vais jamais oublier ce qu’un de mes professeurs m’a dit : « Tu as un choix, tu peux t’asseoir l’a et pleurer ou bien tu peux accomplir ta tâche et faire tes devoirs. »  Je ne sais pas pourquoi mes quand je me sens faible ça m’aide.

En plus de compléter mon programme d’études, un de mes principaux objectifs est de vivre mon expérience d’étudiante avec joie et fierté. Plus je m’implique au collège dans des activités para-scolaires, plus j’ai le sentiment d’en faire partie.  C’est une chose de vouloir des activités, mais s’en est une autre de les organiser et de les promouvoir. La détermination, le courage, la volonté d’apprendre, la patience, la confiance et la fierté d’être francophone; voilà les ingrédients qui m’aident à cheminer.  Le retour aux études après tant d’années n’est certainement pas un chemin facile, mais il va certainement m’aider à atteindre mes rêves.

Yolande Jameus étudie au campus du Collège Boréal à Sudbury dans le programme d’administration de bureau-adjointe administrative. Elle est originaire de Wawa et a grandi à Elliot Lake.  La culture francophone a toujours fait partie de sa vie.

Posté il y a 493 semaine

Des cours en français, mais encore...

Bonjour, je m’appelle Geneviève et j’étudie présentement à l’Université d’Ottawa en 4e année du programme d’administration publique. J’ai aussi complété des études à La Cité. Cela dit,  j’aimerais vous parler de mon expérience au sein du système d’éducation postsecondaire en Ontario français.

Pour ma part, j’ai eu la chance de pouvoir compléter tous mes cours obligatoires en français, même à l’Université d’Ottawa. Le problème est survenu au moment de l’inscription aux cours à mon dernier semestre. En raison d’un conflit d’horaire, j’ai dû prendre un cours en anglais, sinon je devais retarder ma graduation d’un semestre. Malheureusement, je m’aperçois  que les étudiant(e)s francophones font face à des inégalités par rapport aux choix de cours optionnels, parce que je ne suis pas seule dans cette situation.  À quelques reprises pendant mon bac, j’ai dû revoir mes choix, parce qu’on avait retiré des cours optionnels en français, pourtant tout à fait pertinents pour mon cheminement scolaire.  Certes, l’équivalent du cours était offert en anglais, mais le but d’avoir une université bilingue, selon moi, ce n’est pas de pouvoir se tourner vers les cours anglophones quand les cours francophones ne sont pas offerts.  C’est un peu rire des Franco-Ontarien(ne)s.  Pour éviter des situations comme celle-là, il nous faudrait une université francophone autonome en Ontario, vous ne pensez pas?

Si une telle université vient à voir le jour, voici un de mes plus grands souhaits: que les cours soient enseignés PAR des Franco-ontarien(ne)s, afin qu’ils reflètent la réalité des francophones en Ontario!  Je n’ai rien à enlever aux professeur(e)s québécois(e)s, bien au contraire.  Cependant, autant à La Cité qu’à l’Université d’Ottawa, j’en suis venue aux mêmes constatations : les professeur(e)s du Québec, peut-être par réflexe, par sens d’appartenance ou parce qu’ils ont plus de connaissances approfondies, finissent toujours par se référer à des études de cas du Québec.  Oui, les concepts sont les mêmes peu importe la façon dont on l’aborde, mais quand on utilise toujours des exemples québécois pour démontrer ces concepts, dans l’étude des politiques publiques par exemple, c’est dommage, mais à un moment donné ça ne reflète plus autant mes intérêts et j’ai tendance à moins m’engager dans les discussions.  Pourtant, de mon point de vue, la lutte des Franco-Ontarien(ne)s est tout aussi intéressante, sinon plus parce qu’elle me concerne directement.

Bref, selon moi, si on veut continuer à attirer les jeunes Franco-Ontarien(ne)s vers des établissements postsecondaires francophones qui répondent à leurs besoins, il faut comprendre quels sont ces besoins.  Et pour cela, la seule vraie option, c’est que ces établissements soient administrés par des Franco-Ontarien(ne)s eux-mêmes.

Geneviève Rheault est étudiante en 4e année en administration publique à l'Université d'Ottawa. Elle est originaire d'Embrun.

Posté il y a 494 semaine

Une nouvelle page d'histoire

Mot de clôture de Geneviève Latour et Caroline Gélineault, coprésidentes du RÉFO, au Sommet provincial des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français, le 5 octobre 2014 à Toronto

Tout d’abord, nous souhaitons vous remercier. Nous avons fait un énorme cheminement depuis le début du processus des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français, depuis le lancement en mai 2013, jusqu’au dix consultations régionales et jeunesse de l’automne dernier, et maintenant, le Sommet provincial. D’ailleurs, je trouve extraordinaire qu’un des grands débats que j’ai entendu durant la pause, était au sujet du nom qu’on allait donner à notre université ! Pour moi, ça démontre vraiment que nous sommes prêtes et prêts à passer à l’action.

 Plusieurs personnes sont venues nous voir depuis vendredi afin de nous féliciter du travail que les partenaires des États généraux ont effectué. Plusieurs nous ont approché avec les larmes aux yeux, fiers qu’enfin nous sommes prêts à construire ce projet, qui est dans la mire des francophones de cette province depuis des décennies. Je crois qu’il est important de vous relancer le compliment, merci de votre travail et sachez que ça n’arrête pas là. Nous avons tiré de bonnes conclusions suite au bloc de discussion sur la mobilisation communautaire et nous comptons sur vous pour garder la conversation vivante.

 Depuis sa création, le RÉFO a entendu des milliers d’étudiants et étudiantes répéter l’urgence d’agir. Aujourd’hui, je sens que la communauté reconnait les besoins criants des étudiants et des étudiantes et que nous sommes prêtes et prêts à agir collectivement. La route devant nous ne sera pas facile, il y aura des obstacles, des oppositions et des décisions difficiles. Mais tel a été le cas quand nos ancêtres se sont battus contre le Règlement 17, pour la création d’écoles primaires et secondaires, pour nos conseils scolaires et pour nos deux collèges. Des années plus tard, je suis prête à dire que ces batailles ont valu le coup et nous assurent aujourd’hui un avenir meilleur.

 Nous tenons à reconnaître la participation des étudiantes et étudiants qui ont fait partie intrinsèque de toutes les étapes du processus jusqu’à présent. En tant qu’étudiantes et étudiants en milieu minoritaire, nous avons une expérience et une expertise importantes à partager et nous avons une vision claire de ce qui serait souhaitable pour appuyer les cohortes étudiantes qui viendront après nous.

 Pour nous, il était important de mener un processus communautaire. Il est essentiel que les acteurs et actrices tels que les parents, les membres des organismes et les élèves du secondaire aient un mot à dire quant à l’avenir de l’éducation postsecondaire de langue française. Nous sommes conscient.e.s que ça dérange lorsqu’on parle de changer le statut quo et je crois qu’il est sain d’avoir ce genre de discussion en tant que communauté.

 Nous vous avons entendu, nous avons pris de bonnes notes et, comme la FESFO et L’Assemblée l’ont également mentionné, nous nous engageons à continuer d’être porteur du projet.

 Merci d’avoir eu le courage et d’avoir osé imaginer un avenir meilleur pour les étudiantes et les étudiants francophones et francophiles et pour notre communauté franco-ontarienne dans toute sa diversité. Cette fin de semaine, nous avons écrit une nouvelle page de notre histoire, une histoire qui a pris ses racines il y a quatre siècles, et qui se poursuivra, nous l’espérons, pour un autre 400 ans.

 Merci !

Posté il y a 496 semaine

Francophone d'origine ou d'adoption? Cela importe peu...

Par Giuseppe Guida

Qui suis-je? Cette question me hante depuis longtemps. À ce jour, j’ai toujours de la difficulté à y répondre et à définir ma ou mes communauté.s. Suis-je Canadien? Québécois? Franco-Ontarien? Pour l’instant, je l'ignore. Et vraiment, est-ce si important de le définir?

Je suis né à Toronto et j’ai été adopté par une mère québécoise et un père italien. La culture francophone m’intéresse et m’interpelle depuis très longtemps. Quand ma mère jasait avec ses frères et sœurs, j’étais étonné de voir comment ils passaient si aisément du français à l’anglais. C’était une grande inspiration pour moi et j’espérais un jour être capable d’en faire autant.

Ce vœu s’est réalisé quelques années après que j’ai déménagé au Québec. Non seulement ai-je appris le français, mais aussi les nuances d’une culture qui me ressemblait beaucoup plus que la culture du Canada anglais où je suis né et où j’ai grandi. J’ai fini par m’identifier plutôt à la communauté québécoise. Cela a vraiment changé ma façon de voir le monde. Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir parler le français, cette langue qui fait maintenant partie de mon quotidien. Pourtant, je n’ai jamais vraiment laissé tomber mes racines ontariennes anglophones.

Depuis mon arrivée à l’Université d’Ottawa en 2013, je me suis inscrit au programme d’immersion en français afin d’améliorer ma maîtrise de la langue. Je me suis fait quelques bon.ne.s ami.e.s qui sont très engagé.e.s au sein de la communauté franco-ontarienne et j'ai vraiment le goût de les suivre et de m'y engager autant qu'eux et elles. Je suis fier de pouvoir côtoyer des gens qui se battent pour assurer le rayonnement de la société franco-ontarienne à travers la province. Pourtant, je me sens toujours entre deux communautés.

Étant étudiant dans une institution ontarienne, mais vivant toujours au Québec, je suis fier de tout ce que « la Belle province » m’a appris. C’est beaucoup plus qu’une langue, c’est aussi une idée de société et toute une culture (québécoise et canadienne-française) que je n’avais pas auparavant. Étudier en français en Ontario, par contre, m’a aussi ouvert les yeux sur les notions de ce que c'est d’être Franco-Ontarien et de vivre en milieu minoritaire.

Cette double-réalité que je décrit ne se vit toutefois pas sans certains déchirements. Je me souviendrai toujours d’un moment assez choquant dans ma vie alors que je commençais à m’identifier comme Franco-Ontarien. Je jasais avec une personne que je connaissais et il m’avait dit bêtement : « Tu sais, tu ne seras jamais Franco-Ontarien. Tu es né anglophone ». Depuis ce moment choquant, je ne me suis jamais vraiment senti à l’aise de m’identifier ainsi. Mais cela pourrait changer. Je rencontre de plus en plus de gens qui n’ont pas cette vision étroite de la francophonie. Je commence à voir la francophonie comme un concept large auquel chacun peut adhérer s’il souhaite y contribuer quelque chose.

Et donc je repose la question: Qui suis-je? Suis-je Québécois? Franco-Ontarien? Canadien-Français? Pour moi, cela importe peu. Il y a des questions encore plus importantes dans la vie : Qui ai-je le désir d'être et de devenir? Comment vais-je vivre pleinement mon statut récemment acquis de francophone et comment puis-je contribuer à cette nouvelle communauté?

Aujourd'hui, je me décrirais comme un jeune franglophone engagé dans mes multiples communautés. Depuis que j’ai commencé mes études à l’Université d’Ottawa, je bâti ma francophonie à mon image. Franco? Anglo? Allo? Je n’en sais rien, je l'ignore, et c’est tout à fait correct. La seule chose dont je suis certain c’est que les francophones partagent une langue et des cultures rayonnantes à travers ce grand pays et que nous devons tout faire pour les protéger.

Giuseppe Guida vient de compléter sa deuxième année en Études des conflits et droits humains (option immersion française) à l’Université d’Ottawa. Il est originaire de Toronto et habite à Gatineau. 

Posté il y a 514 semaine

Transition incertaine : Les étudiants du Campus d'Alfred doivent être entendus !

Par Jovan Dozet et Olivier Coursol

À la suite de l'annonce de l'Université de Guelph hier qu'elle fermerait son Campus d'Alfred d'ici la fin de 2015, le Collège Boréal a rapidement démontré son intérêt de continuer à offrir les cours de Technologie agricole et de Technique de soins vétérinaires du Campus d'Alfred. Ce matin, nous avons été heureux d'apprendre qu'une entente a été conclue entre le ministère de la Formation et des Collèges et Universités, le Campus d'Alfred et le Collège Boréal, officialisant le maintien l'offre de ces deux programmes en français.

Bien que cette nouvelle soit positive, les étudiant(e)s du Campus d'Alfred demeurent inquiets quant à la manière dont se vivra la transition des programmes vers le Collège Boréal et potentiellement le collège La Cité. Nous trouvons essentiel que l'offre de programmes puisse continuer à se faire au site du Campus d'Alfred et ne soit pas redirigé vers les campus du Collège Boréal ou du collège La Cité. Les étudiant(e)s sont également préoccupés du fait que deux administrations différentes risquent de gérer les trois programmes du Campus d'Alfred. Si cela s'avère à être le cas, nous croyons que cette structure devra être simple et bien définie dès le départ, afin que les étudiant(e)s puissent bénéficier d'une éducation de qualité.

Par ailleurs, dans la foulée de l'annonce d'hier, nous les étudiant(e)s du campus d'Alfred avons décidé de déposer une demande aux administrateurs de Dairy Farmers of Ontario (DFO), afin que la ferme du Campus d'Alfred puisse conserver son quota de vaches nécessaire à la production laitière. Selon nous, ce troupeau est essentiel à la formation futurs technicien(ne)s agricoles et de technicien(ne)s en médecine vétérinaire dans l'Est ontarien. Nous encourageons donc DFO d'assurer la continuité de la production laitière sur le campus lors de la transition des programmes entre l'Université de Guelph, le Collège Boréal et le collège La Cité. Les étudiant(e)s, représentés par le Conseil des étudiant(e)s du Campus d'Alfred, invitent également les producteurs laitiers de la région à prendre quelques minutes pour rédiger une lettre d'appui aux conseillers régionaux, afin que le quota laitier demeure à Alfred pendant la transition.

En conclusion, l'enjeu principal pour les étudiant(e)s du Campus d'Alfred est qu'ils soient consultés et que leurs opinions soient prises en compte dans cette période incertaine de transition. L'avenir de notre éducation est en jeu et les répercussions se feront sentir pour bien des années auprès des futures étudiant(e)s franco-ontarien(e)s. Si nous ne réussissons pas à sauver cette institution et ses programmes, ce sont tous les producteurs et l'industrie agroalimentaire de la région qui seront dépourvus d'une relève et d'une main-d'oeuvre francophone qualifiée.

Jovan Dozet et Olivier Coursol sont membres du Conseil des étudiant(e)s du Campus d'Alfred de l'Université de Guelph.

Posté il y a 527 semaine

Le courage de dénoncer et d’agir pour contrer la violence faite aux femmes

Par Isabelle Gagnon

Il y de cela quelques jours, j’ai mis la main sur un article dénonçant la culture du viol à l’Université d’Ottawa. Quelle fut ma surprise d’apprendre que des leaders sur mon campus étaient à la source de cet article et que la présidente Anne-Marie Roy était la cible de commentaires vulgaires et graphiquement dignes de violence sexuelle.  Cette conversation rendue publique est un parfait exemple de commentaires misogynes encourageant la culture du viol. 

Je tiens à féliciter Anne-Marie d’avoir eu l’audace et le courage de dénoncer haut et fort cette situation ! Je vous rappelle que cette situation ou même cette conversation n’est malheureusement pas un cas isolé. Des milliers de filles et femmes sur le campus, dans la ville ou chez elles sont victimes de traitements de la sorte. Que ce soit des « blagues », des menaces, des commentaires ou des actions; qu’elles aient lieu sous l’influence de l’alcool ou non, de façon privée ou publique, ce sont tous des comportements qui viennent compromettre la sécurité de ces femmes sur une multitude de sphères et qui méritent d’être dénoncés. Banaliser de tels agissements est inacceptable. Dénoncer, c’est ce qu’il faut faire ! Chose que Anne-Marie a eu le cran de faire. 

Je suis heureuse de voir que notre Présidente n’est pas seule à lutter. Je vois les partages d’articles sur Facebook et Twitter qui champignonnent, des commentaires qui sont en faveur de la dénonciation de la culture du viol et ceci me donne espoir. En tant que femme, impliquée dans la politique étudiante, je suis consciente que personne n’est à l’abri de tels propos.  Je crains que de tels événements fassent fuir certaines filles et femmes de leur désir d’implication sur la scène politique. Je peux me compter chanceuse d’avoir à la tête de mon association étudiante une femme forte qui démontre du leadership et apporte des changements positifs sur mon campus.

En cette journée internationale des femmes, je demande aux filles et aux femmes de continuer de s’impliquer sur le campus et dans la politique. Je les encourage aussi à dénoncer les comportements misogynes qui banalisent les agressions à caractère sexuel. Aux garçons et aux hommes, c’est l’occasion parfaite de sortir vos rubans blancs et de démontrer votre soutien et engagement pour continuer à dénoncer la violence faite aux femmes. 

À Anne-Marie, merci d’être une modèle pour les filles et les femmes qui font ou aspirent faire de la politique, n’oublie pas que cette lutte est celle d’une société, et qu’elle est nécessaire pour obtenir un monde plus égalitaire.

Solidairement, 

Isabelle

Originaire de Vanier, Isabelle Gagnon est une étudiante de 4e année en Études des femmes et Service social à l'Université d'Ottawa. Elle est également coprésidente du RÉFO.

Posté il y a 528 semaine

Vox pop étudiant sur le bilinguisme de nos institutions postsecondaires

Quelle perception ont les étudiant(e)s francophones du bilinguisme au sein de leurs institutions postsecondaires? Vincent Hardy nous propose ce vox pop avec des étudiant(e)s de l’Université d’Ottawa et du collège La Cité à Ottawa.

Posté il y a 530 semaine

Un temps de l’année crucial pour nos jeunes du secondaire

Par Samantha Puchala

Chaque année pendant les mois de février et mars, des milliers d’élèves en 12e année à travers l’Ontario sont excités de recevoir des nouvelles des universités et des collèges pour savoir s’ils ont été acceptés à leur programme de choix. Plusieurs souhaiteront être admis à des institutions comme U of T, Queen’s, Western, Waterloo, ou d’autres universités de langue anglaise de la province, qui jouissent d’un certain prestige dans l’opinion publique.

Plusieurs jeunes franco-ontariens qui gradueront des écoles secondaires feront également le choix d’étudier dans ces universités, même s’ils auront entendu à maintes reprises le message de leurs enseignants, de leur famille et des membres de la communauté qu’il est important de poursuivre ses études en français. En fait, une très importante proportion de ces élèves (entre 40 et 50 % des finissants des écoles secondaires franco-ontariennes) choisiront d’étudier dans des universités de langue anglaise, commettant la même erreur que j’ai commise moi-même, une erreur que je n’oublierai jamais. Pour ma part, j’ai choisi un programme dans une université anglophone près de chez moi, un programme qui pourtant existait en français ailleurs dans la province.

En 2008, j’attendais moi aussi avec impatience de recevoir ma lettre d’acceptation officielle de la University of Western Ontario, qui me promettait des bourses et un avenir au potentiel illimité. Je ne pouvais toutefois pas prévoir qu’un an plus tard, après avoir complété quelques mois dans une université de langue anglaise, je me retrouverais en crise identitaire en raison d’un affaiblissement sérieux de mon niveau de français. Je me retrouvais dans une situation où toutes mes années d’études en français au primaire et au secondaire étaient en train de s’effacer. J’avais tenu pour acquise ma capacité à maintenir mon français dans un milieu entièrement anglophone.

La fin de ma première année arrivait rapidement et je sentais que je ne pouvais plus poursuivre mes études à Western si je tenais réellement à mon français. Je me suis alors informée de la possibilité de changer d’université en septembre, mais il était déjà trop tard. Les dates limites étaient passées. Cela m’a obligé de prendre une année de pause des études, avant de pouvoir faire demande au programme d’Études françaises à l’Université Laurentienne (un programme qui m’avait pourtant accepté en 2008, mais que j’avais mis de côté en raison du soi-disant « prestige » de Western).

Me voilà 6 ans plus tard comme présidente de l’Association des étudiantes et étudiants francophones de l’Université Laurentienne, membre votant du Conseil des gouverneurs de l’université et fière étudiante en Études françaises, Science politique et Droit. Aujourd’hui, je me rends compte de l’importance de poursuivre mes études en français, encore plus que lorsque j’avais 18 ans, car j’ai vu à quel point le français est fragile lorsqu’il n’est pas parlé régulièrement. Je me sens fière de faire partie de celles et ceux qui se battent pour suivre tous leurs cours en français et je comprends toute la nécessité de demander mes services en français.

C’est triste, par contre, que plusieurs jeunes qui choisissent des institutions de langue anglaise ne se rendront pas compte de la fragilité de leur langue avant qu’il ne soit trop tard et qu’ils n’auront plus la capacité de s’exprimer en français. Ils continueront sans doute à indiquer sur leurs CV qu’ils sont bilingues, mais force est de constater qu’ils auront de la difficulté à servir leurs clients en français. Je le sais, parce que je l’ai vu de mes propres yeux. De plus en plus, mes anciens collègues de la 12e année me parlent qu’en anglais lorsque je les vois pendant les vacances, parce qu’ils ne sont plus à l’aise en français.

Ce texte ne se veut pas moralisateur, mais bien un cri du cœur aux jeunes qui feront leur choix postsecondaire dans les prochaines semaines : ne faites pas la même erreur que moi! Poursuivez vos études en français si vous avez l’option de le faire, car c’est votre seule chance réelle à devenir des professionnels capables de fonctionner à un haut niveau dans les deux langues. Je suis consciente que plusieurs jeunes ne retiendront pas ce message, comme je ne l’avais pas retenu en 2008, mais si je peux convaincre une personne, ce sera déjà ça!

Mon expérience des dernières années m’a rendue encore plus consciente des ravages de l’assimilation au sein de notre communauté. Il faut à tout prix changer les mentalités et déconstruire l’idée bien ancrée que le succès économique, politique et social se vit seulement en anglais en Ontario. Pour ce faire, il faut des francophones engagés à porter ce message, mais aussi des gouvernements, des citoyens anglophones et des institutions postsecondaires qui valorisent réellement la dualité linguistique et qui croient que tout citoyen, peu importe sa langue, doit avoir la chance de réaliser son plein potentiel.

Samantha Puchala est une étudiante de quatrième année en Études françaises, Science politique et Droit à l’Université Laurentienne. Elle est originaire de Woodstock dans le Sud-Ouest de l’Ontario. Le français est sa troisième langue.

Posté il y a 531 semaine